FALLEN INTO HELL
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 WHEN YOU TALK TO ME?

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James Alexander
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James Alexander

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WHEN YOU TALK TO ME? Vide
MessageSujet: WHEN YOU TALK TO ME?   WHEN YOU TALK TO ME? Icon_minitimeDim 9 Mai - 16:13

Quelques heures seulement étaient passées depuis le crash de notre avion. Tout était silencieux, personne ne parlait, car personne ne se connaissait. Les rares qui étaient accompagnés par de la famille ou des amis durant le vol n’avaient pas survécu. Ce qui s’était passé était tout simplement horrible. Moi, à la limite, je n’avais pas démérité de mourir avec tout ce que j’ai pu faire dans ma vie, mais, dire que des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants étaient morts, tous aussi innocents les uns que les autres, cela me restait en travers de la gorge. Mais bon, comme le dit le célèbre dicton, « c’est la vie ». Il y en a pour qui la vie leur a donné beaucoup de chance, et d’autre pas. Je faisais partie de la première catégorie de personnes. J’étais tout de même très heureux de me retrouver en vie sur cette île. C’est sûr, on préfère tous vivre plutôt que de mourir, non ? Cela paraissait assez logique tout de même. La pluie commençait petit à petit à cesser. Les gouttes n’étaient plus aussi épaisses qu’auparavant, et aussi moins froides, car sur cette île, au contraire, il faisait vraiment très chaud. Il devait faire dans les environs des vingt-sept degrés, pas moins.

Tous les rescapés s’étaient changés, tous les habits étaient trempés et sales. Certains avaient réussi à retrouver la trace de leur valises, d’autres se servaient chez les autres, ou avec les bagages de certaines victimes. Ce n’était pas très beau à faire, et aussi pas vraiment respectueux mais bon, il fallait faire avec ce que nous avions ! De mon côté, je n’avais pu mettre la main sur ma valise. Elle ne contenait pas grand-chose mais bon, j’aimerais bien la retrouver. Elle était en cuir noir. Une valise qui ressemblait à celle qu’avaient tous les hommes d’affaire ou avocats. J’étais agent secret, ou espion, un métier pas très commun donc. J’affrontais la mort en face presque tous les jours, et elle ne me faisait plus peur. J’étais engagé pour tuer des hommes, mais je savais pertinemment que d’autres hommes étaient engagés pour me tuer à moi. Sur l’île, depuis le crash, je m’étais imposé en tant que leader, si l’on pouvait appeler ça comme ça. Il fallait dire que c’était dans ma nature de diriger les gens et de leur dire ce qu’il devait faire. Je pensais que si tout le monde m’écoutait, tout fonctionnerais à merveille. La plupart du temps j’avais raison, même si dans mon métier ce n’était pas à moi de donner des ordres, mais plutôt de les exécuter.

Depuis un bon petit moment, j’avais aperçu une jeune fille apparemment asiatique. Je la regardais fixement. Elle semblait ne pas vouloir parler, et allait toujours s’isoler. Elle ne bougeait que très rarement, alors que d’autres construisaient leur tente et aidaient les autres. Je voudrais bien savoir ce qui la désespérait comme cela. Dès que quelqu’un essayait de lui soutirer quelques mots, elle le regardait, puis tournait la tête sans ne rien dire. Cela allait donc être difficile pour moi de la faire parler, mais je réussirais bien un jour. Elle ne pourrait pas rester muette très longtemps. Je m’approchais de la jeune femme donc. Bonjour, lui dis-je, tout en m’essayant à ses côtés, et surtout en attendant une réponse qui ne viendra finalement peut-être jamais.
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Hanae Takayanagi
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WHEN YOU TALK TO ME? Vide
MessageSujet: Re: WHEN YOU TALK TO ME?   WHEN YOU TALK TO ME? Icon_minitimeDim 9 Mai - 17:06

Laisser le temps au temps. Dans un battement de cœur, l'asiatique tentait vainement de récupérer un semblant de lucidité, de compréhension, de calme. Cela faisait pourtant quelques heures qu'elle sursautait dès qu'une personne l'approchait, et chaque mouvement de recul appuyait un peu plus sur sa douleur. Celle de son âme déchirée, mais aussi celle plus physique qui s'étendait à présent le long de son dos jusqu'au bas de sa cuisse gauche. Recroquevillée dans un coin, elle était restée immobile depuis qu'on l'avait aidée à se remettre en mouvement. Drôle de logique, n'est-ce pas ? Et tout le long, la Poupée avait gardé ses bras serrés autour de l'étui de son violon. Incapable de s'activer, incapable de chercher ce qui lui appartenait, tout simplement incapable de se faire à l'idée qu'elle était encore vivante sur un bout de terre inconnu. Était-ce cela, l'enfer ? Fébrile, elle serre un peu plus ses doigts frêles sur le bois, l'attirant contre son sein comme l'aurait fait une mère pour son enfant, les yeux écarquillés par la peur de pouvoir le perdre. D'une certaine façon, son regard de biche était fou, et si elle s'était écartée de tous pour éviter les contacts, cela ne l'empêchait pas de suivre chaque mouvement du coin de l'œil. Comme un animal prit au piège, incapable de s'échapper. Pourtant, dans le malheur, tout n'avait pas été que sang et pleurs. Plus tôt, de combien de temps elle aurait été bien incapable de le dire, une jeune femme avait prit sur elle de l'aider. Pas grand chose, juste ce qu'il fallait pour ne pas mourir comme tant d'autres l'avaient fait si rapidement. Dans un dernier gémissement. Hanae sentit une larme courir lentement sur sa joue, vite effacée par la pluie qui continuait à tomber en gouttes fines sur ses épaules. Docile, elle avait suivi l'exemple quand on lui avait mit en main des vêtements trempés : Une chemise d'homme trop large pour elle qui se collait à présent à son corps, rendue transparente par l'effet de l'eau, et un pantalon court taille-basse qu'elle n'aurait sans doute jamais enfilé dans d'autres circonstances. Ses pieds étaient restés nus, par la volonté de garder sous sa peau le contact boueux de la terre retournée par le temps. Depuis, elle n'avait plus rien fait, sinon récupérer le tissu de sa robe déchirée pour le serre maladroitement sur sa longue blessure. Sans doute celle-ci ne guérirait-elle jamais définitivement d'ailleurs, sans intervention médicale un peu plus poussée. A défaut ne s'était-elle pas vidée de son sang, l'état s'étant révélé plus effrayant que réellement dangereux. Une chance. Mais où se trouvait la chance lorsque tant de personnes ne survivaient pas aux blessures reçues lors du crash ?

Lorsque les pas lourds d'un homme s'approchèrent d'elle, la jeune fille ne bougea pas d'un pouce, son regard mordoré rivé sur le ciel gris qu'elle pouvait distinguer à travers les feuillages des arbres. Tout au plus sa bouche pulpeuse esquissa-t-elle un petit rictus de crainte tandis que son front se plissait sous l'effet. A quoi bon ? Ce n'était pas le premier à s'approcher d'elle depuis qu'elle était assise sur ce tronc déchiqueté, et sans doute ne serait-il pas le dernier à renoncer. Non pas qu'elle ait eut comme idée fixe d'éconduire tous ceux qui l'approcheraient dans le futur mais... Le poids était encore trop lourd. Ce nouveau monde trop indéfini. Ses phalanges se blanchirent sur l'étui de son violon, contraste saisissant entre le blanc de sa peau et le noir du bois, aussi saisissant que ses boucles mouillées dont l'éclat roux frappait toujours sur ses épaules frêles.

    ??? ▬ Bonjour. »

Le silence entrecoupé par le son des gouttes d'eau sur les feuilles. Quelques gémissements, venant du semblant de campement que le groupe de rescapés avait tenté de construire un peu plus loin. Et elle, au milieu de ce cauchemar, qui ne bougeait toujours pas. On aurait même put croire qu'elle ne le ferait jamais, idée détrompée lorsqu'elle baissa lentement son regard effrayé sur l'inconnu qui prenait place à ses côtés. A voir ses lèvres s'entrouvrir et ses yeux s'écarquiller, n'importe qui aurait put comprendre qu'il n'y avait plus que de la peur dans ce petit corps tremblant. Pour autant, ce n'était pas une gamine. Son corps le disait, mais ses yeux parlaient encore plus sûrement : Des yeux qui en avaient déjà trop vu de la mort. Ceux d'une personne désespérée qui ne souhaite plus voir personne disparaître, et qui préfère pour cela se cacher dans un coin. Depuis le crash, elle n'avait pas revu son manager non plus... Sa lèvre inférieure se mit à trembler, et de nouvelles larmes glissèrent le long de ses joues. Invisibles, et pourtant toujours aussi cruelles. Dans une légère respiration qui souleva sa poitrine, l'asiatique se décida enfin à retrouver un semblant de sociabilité : Poliment, elle inclina la tête en guise de salut. Sans rien ajouter en geste comme en mot.
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MessageSujet: Re: WHEN YOU TALK TO ME?   WHEN YOU TALK TO ME? Icon_minitimeVen 14 Mai - 15:26

Tout ce passait comme je l’avais pensé. La jeune femme ne parlait pas, n’ayant pour réponse qu’un signe de la tête pour me dire bonjour. Je le savais, et je ne m’attendais pas à avoir ne serait-ce qu’un mot de la part de cette femme. D’habitude, les asiatiques étaient bavardes, non ? Je n’en savais rien en fait, mais elle, elle restait muette comme une tombe. Lorsqu’elle m’avait répondu, je me trouvais toujours debout, à sa droite. La mini-tente qu’elle s’était construite sans l’aide de personne était, elle, à sa gauche. Elle s’était tout de même assez bien débrouillée pour la monter. C’était rare qu’une fille ne demande pas de l’aide aux hommes pour certaines tâches. Oui, je suis sexiste je le reconnais… Et alors ? C’était mon caractère, ou on m’acceptait comme ça, ou l’on ne me parle pas. La femme regardait l’horizon et le ciel gris qui était le maître sur l’île.

Tout le monde en partie craignait que l’orage qui avait été la cause du crash ne recommence à nouveau. Et je les comprenais. Moi, j’étais un homme assez fort et dur, je ne craignais presque rien. Et heureusement, car avec le métier que j’exerçais, si l’on commençait à avoir peur de tout, on ne pouvait que mourir. Mais pas moi. Une fois, alors que j’étais en mission en Amérique du Sud, j’étais confronté à de multiples ennemis, je ne pouvais pas compter le nombre de gens que j’avais tué lors de cette mission, mais le nombre devait se situer dans les environs des quarante. Et le pire, c’est que je n’avais même pas été blessé, ou alors pas très gravement puisque j’étais là, et que si l’avion ne s’était pas écrasé, je serais sûrement encore en mission. Je m’étais alors assis à côté de la jolie femme, qui ne bougeait pas d’un cheveu.

Je me demandais vraiment comme est-ce que j’allais m’y prendre pour lui soutirer ne serait-ce un simple « oui ». Ça promettait d’être une tâche bien plus difficile que je ne le pensais. Mais je me connaissais bien, et j’étais persuadé que j’allais arriver à la faire parler. De toute façon, elle sera bien obligée un jour de discuter, de bouger, de manger, de boire… de participer aux activités du groupe en général. Je la regardais fixement, en attendant que son regard vienne s’entrechoquer avec le mien, mais rien. Nous aurions pu croire que c’était une statue tellement que restait fixe, sans bouger. Il faudra parler, un jour, vous savez. Vous ne pourrez pas rester comme ça à rien faire pendant bien longtemps. J’essayais de la faire revenir du bon côté de son comportement. J’espérais sincèrement une réponse de sa part, au moins un regard, ou un sourire…
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MessageSujet: Re: WHEN YOU TALK TO ME?   WHEN YOU TALK TO ME? Icon_minitimeVen 14 Mai - 17:24

Petite vie en noir et blanc, la jeune fille avait fait comme tous les autres. S'habiller, même si ce geste semblait déplacé, se construire un semblant d'abri sans que personne ne puisse voir ses grimaces douloureuses. Dans son dos, le tissu déchiré de sa robe soigneusement plaqué contre son dos, sous la chemise, était rougi de sang. Impressionnant à voir, sans plus, puisque l'eau continuait à diluer le liquide à chaque nouvelle goutte. Petit à petit, ses cheveux semblaient plus sanglant que la blessure elle-même. L'eau lui allait bien. Mélancolie diluée dans l'or de ses yeux, cachant les larmes qui n'avaient pas voulu arrêter leur course le long de ses jolies joues roses. Son cœur était serré et, après un bref salut qu'elle ne devait qu'à sa politesse habituelle, la japonaise s'était contentée de croiser les bras afin de serrer un peu son corps gelé. Pour autant, elle ne détestait pas la pluie. Si tel avait été le cas, sans doute aurait-elle déjà été cachée sous la bâche tendue de sa pseudo-tente, comme n'importe quelle femme de petite nature. Derrière ses airs effrayés pourtant, il y avait autre chose. Quelque chose de confortablement caché au fond de son cœur. Bien que soumise, la rousse restait une grande dame et cachait sa peur viscérale derrière un visage un peu trop froid, au regard un peu trop perdu. Perdu partout, sauf sur la grande silhouette qui venait de prendre place à ses côtés. Pourtant, elle sentait son regard. Animal, pareil à celui d'un aigle scrutant sa proie à la recherche de la moindre petite faille. A cette idée, continuant à offrir son profil à l'homme, la poupée pencha légèrement la tête de côté, sa chevelure suivant le mouvement pour dégringoler le long de son bras. Une moue perplexe venait de s'esquisser sur son visage de porcelaine, craquelant petit à petit sa perfection du bout des doigts. Elle n'osait pas le regarder, mais son comportement montrait sa conscience aiguë de la présence de l'homme à ses côtés.

    ??? ▬ Il faudra parler, un jour, vous savez. »

Lentement, le regard brillant de la demoiselle se tourna pour enfin se poser sur le visage buriné de l'inconnu. Des yeux remplis d'interrogation, de douleur. Des yeux que certaines personnes auraient préféré ne pas croiser, de peur de ne pas posséder les réponses qu'elle cherchait par ce simple contact, mais probablement pas lui. D'âge mur, son visage indiquait qu'il avait l'habitude des situations à risque. A moins que ce ne fut son regard trop clair ? La moue de la bouche rosée s'accentua.

    ??? ▬ Vous ne pourrez pas rester comme ça à rien faire pendant bien longtemps. »

Hanae ne le lâchait plus du regard, parcourant ses traits aussi sûrement que l'aurait fait la pointe d'un pinceau sur une toile. Elle enregistrait chaque information, le moindre petit détail, chaque petite ride au coin des yeux, toujours plongée dans son mutisme tandis que petit à petit ses sourcils se fronçaient. Pour autant, la pudeur était là, la gêne également, et ces traits vinrent rougir ses joues. Observer les gens sans autorisation n'avait jamais été dans ses habitudes, et à plus forte raison lorsqu'il s'agissait d'un homme se montrant aussi proche. Deux mains, peut-être trois, séparaient leur corps. A cette distance, nul doute qu'il avait remarqué depuis un moment déjà le tremblement qui parcourait les membres de l'asiatique. Effrayée. Elle était juste effrayée, comme une biche consciente que le chasseur n'est pas loin, prêt à l'abattre. Et incapable de raisonner de manière logique, aussi se contenta-t-elle de serrer un peu plus fort l'étui de son violon contre son corps frêle.

    Hanae ▬ Pourquoi faudrait-il parler... ? »

Un mince filet de voix, pour la première fois, venait de sortir d'entre ses lèvres pulpeuses, interrompant sa moue pour ne plus laisser que le minois d'une enfant perdue. Un son délicat, pareil au tintement d'une clochette, ou encore du murmure d'un ruisseau, et guère plus fort que ce dernier, saupoudré d'un léger accent exotique. Mais la question posée était-elle la même que celle qui flottait dans l'ambre de son regard timide ?
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